Datacenters : fin de vie des matériels IT, aller au-delà des obligations légales
L’effacement des données : une gestion opérationnelle complexe
En fin de vie des matériels informatiques (libération, curage, suppression d’une baie...), la suppression de toutes les données qu’ils contiennent est évidemment la priorité numéro un des organisations. Pour les données personnelles des collaborateurs, des clients, des administrés, et plus généralement toute donnée personnelle ayant été stockée sur les matériels, c’est une obligation dans le cadre du RGPD. Mais, pour se protéger des risques de récupération de données, l’effacement doit également cibler toutes les données sensibles (commerciales, juridiques, RH, techniques, comptables, etc.) des organisations.
Ces opérations d’effacement des données s’appliquent aux matériels IT qui sont destinés à la destruction après décommissionnement, à ceux qui sont restitués en fin de leasing ainsi qu’aux matériels qui peuvent faire l’objet d’un réemploi. Elles ne se limitent pas à un simple formatage de disque dur. C’est un projet complexe nécessitant une certaine expertise : utilisation de logiciels spécifiques, détermination du lieu de l’effacement (sur site ou chez un prestataire), choix d’un transporteur adapté, etc.
Entre la pré-visite du datacenter à décommissionner jusqu’à sa libération complète, il faut compter plusieurs semaines pour la préparation du projet et sa réalisation, voire plusieurs mois pour des opérations très dimensionnées. Et, en cas de colocation, les « fenêtres de tir » sont très courtes, ce qui implique de s’organiser avec le prestataire pour éviter les pénalités de retard en cas de non-respect des délais.
Valoriser pour réduire les coûts de décommissionnement
En plus du remplacement des matériels IT en eux-mêmes, le décommissionnement d’un matériel IT hébergé dans un datacenter représente donc un coût pour l’organisation. Beaucoup d’entreprises privilégient encore la destruction et le recyclage des matériels IT hébergés dans leurs datacenters. Mais d’autres voies sont possibles, qui permettent à la fois de réduire les coûts du décommissionnement et l’empreinte environnementale des organisations.
Ainsi, la DSI peut décider de prolonger la durée de vie des équipements numériques en affectant les matériels IT à des opérationnels utilisant des applications qui ne nécessitent pas des machines de toute dernière génération. Les matériels peuvent également être reconditionnées et valorisés sur le marché de la seconde main, qui se développe de plus en plus, y compris chez les professionnels. Une troisième voie possible est le réemploi des composants des matériels, la valorisation de ses matières (métaux ferreux et non ferreux, métaux rares, verre, plastiques, etc.), ou même leur valorisation énergétique.
Dans tous les cas, il est opportun de se poser la question du réemploi, interne ou externe dès l’achat des matériels neufs. Le choix de machines puissantes ou à hautes capacités peut s’avérer judicieux : plus chers à l’achat (ou à la location) au départ, leur valorisation peut compenser ces coûts dans le cadre d’une seconde vie. Au contraire, une destruction pure et simple des matériels en fin de vie, car devenus inutilisables, représente un coût économique et écologique certain pour l’entreprise.
Impact environnemental : vers une approche éco-responsable
En raison des composants dangereux pour l’environnement mais également du potentiel de recyclage des matériaux qui les composants, les matériels électriques et électroniques font l’objet de réglementations strictes quant à la gestion de leur fin de vie. C’est ainsi que, depuis 2005, les entreprises françaises ont l’obligation d’assurer le recyclage des D3E présents dans les matériels IT, en s’adressant au constructeur ou à des organismes agréés.
Mais compte-tenu de l’empreinte environnementale des matériels IT, un nombre croissant (mais encore insuffisant) d’organisations commencent à se pencher sur le bilan carbone et la consommation de ressources (eau, métaux rares et précieux, énergie) de leurs équipements numériques sur l’ensemble de leur cycle de vie, depuis la quantité de matières premières nécessaires à leur fabrication jusqu’à la gestion de leur fin de vie en passant par leur fabrication, leur transport et leur utilisation.
Pour limiter leur impact environnemental et améliorer ainsi sensiblement leur performance extra financière, les organisations ont désormais tout intérêt à multiplier les initiatives pour favoriser au maximum le réemploi (en interne ou en externe) de leurs équipements IT et orienter leur politique d’achats vers des matériels « éco-responsables by design » (basse consommation en ressources et électrique, durables et réparables) voire de seconde main.